Nouvelle de L'éclat et l'ombre: Le passé d'Elphège

Aujourd’hui, on se retrouve pour un petit texte, qui se penche sur le passé d’un de mes personnages favoris, Elphège. La découverte de son éclat est évoquée dans le tome 1 de L’éclat et l’ombre, en voici la version intégrale!

Le passé d'Elphege


Le port de Vorinen était presque désert en ce début de soirée d’automne. La lune, pleine, éclairait le quai, le long duquel plusieurs navires se balançaient paresseusement. De quelques tavernes bordant la rue provenaient des rires et des musiques étouffées : toutes les portes et fenêtres restaient closes, les nuits étant déjà fraiches en cette saison.
Trois silhouettes se découpèrent soudain, sortant d’une petite rue transversale. Celle qui se tenait au milieu était une fillette de six ans, aux longs cheveux châtains. Elle parlait à toute vitesse, se tournant alternativement vers chacun des adultes qui l’encadrait.
A sa droite, sa mère lui tenait la main, souriant en l’écoutant. La ressemblance entre les deux était évidente : petite et mince, ses cheveux qui lui tombaient en cascade sur les reins étaient aussi indisciplinés que ceux de sa fille. Son maintien gracieux était renforcé par sa tenue élégante, bien qu’un peu légère pour la saison : elle frissonnait dans sa robe de soie.
L’homme qui marchait de l’autre côté de l’enfant était grand et élancé. Ses longs cheveux bruns et sa barbe le faisait paraître plus âgé que les vingt-sept ans qu’il avait en réalité. Il posait un regard tendre sur sa fille. Il ne se lassait jamais de son babillage incessant, s’émerveillant chaque jour de sa vivacité d’esprit grandissante.
Aucun des deux adultes ne vit s’approcher le groupe d’hommes qui les épiaient, dissimulés dans l’ombre. Encore que cela n’aurait sans doute rien changé. Le piège s’était refermé sur eux dès qu’ils s’étaient engagés sur le quai.
Les trois bandits s’élancèrent en même temps : négligeant l’enfant, ils se ruèrent sur les parents. La mère n’eut pas le temps de réagir que déjà, la lame d’un poignard se posait sur sa gorge. Son dernier regard fut pour sa fille, avant de s’effondrer sur le sol.
Les deux autres s’étaient jetés sur le père. Celui-ci n’avait rien d’un combattant : mais son éclat était celui de rapidité, et bien que pris par surprise, il esquiva le coup qui lui était destiné. Ses deux adversaires se rapprochèrent de lui, décidés à en finir rapidement. Il para les coups, sans grande habileté, mais avec l’énergie que fournit le désespoir. Profitant d’un moment où les deux bandits se retrouvèrent un peu à distance, il tenta de voir ce qu’il était advenu de sa famille.
La vision de sa femme, étendue sur le sol, fut un premier choc brutal. Mais il n’eut pas le temps de s’attarder sur elle : un cri de sa fille le rappela à la réalité. Le troisième homme l’entrainait.
Mille pensées se bousculèrent dans son esprit. Une chose était certaine : il ne pouvait la laisser aux mains de ce criminel. L’homme était sans doute le chef du groupe : dans sa main brillait un pistolet, objet plutôt rare, surtout chez de simples brigands.
Un choc, soudain. L’un de ses adversaires le ceintura. Quand l’autre s’avança, il le repoussa d’un violent coup de pied. Une seule idée lui vint : se dégager. Foncer sur l’homme qui emportait sa fille. Même avec son éclat de rapidité, il n’aurait pas le temps de le désarmer. Mais il pouvait au moins offrir une chance à sa fille. Il le devait.
A cet instant, un étrange frisson le parcourut. Il sentit la pression du brigand se relâcher : visiblement, lui aussi avait ressenti quelque chose. Il ne prit pas le temps de s’attarder sur cette sensation : profitant de l’occasion, il courut droit sur le ravisseur de l’enfant. Celui-ci sourit, moqueur devant cette tentative désespérée. Il leva son arme.
Qu’il me rate, qu’il tire à côté, songea le père. A côté…
Il entendit le coup de feu, mais aucune douleur ne l’arrêta. Il se jeta sur le bandit, le faisant rouler au sol. Profitant de son avantage, il le bourra de coups de poing. Il lança un regard plein d’espoir sur le côté, prêt à crier à sa fille de courir, de s’enfuir. Mais c’était inutile. Le coup de feu l’avait bien évité. Mais l’enfant gisait au sol, victime imprévue de la balle.
Horrifié, il resta frappé de stupeur. Les deux autres brigands en profitèrent pour revenir à la charge. Une douleur fulgurante le saisit lorsqu’un des poignards transperça son bras. Fou de douleur, enragé par la vision de sa fille décédée, il se relança dans la bagarre.
Qu’ils crèvent, songea-t-il furieusement. Frappant au hasard, aveuglé par la rage et la peine, il hurla sans s’en rendre compte, leur souhaitant mille morts : il eut soudain la surprise de voir les deux hommes reculer, le regard vide, tourner les talons et sauter dans les eaux noirs du port, sans un cri. Dans n’importe quelles autres circonstances, le fait l’aurait interpellé : mais incapable de s’arrêter là, il se concentra alors sur le dernier homme, qui était resté au sol suite à ses coups : il le frappa, encore et encore, pleurant, hurlant. Il n’entendit pas les cris derrière lui, les voix des gens sortant des tavernes alentours, attirés par le bruit.
Sa vue se troubla. Il s’écarta à grand peine du corps du bandit, réalisa seulement alors qu’il frappait en vain depuis probablement un moment déjà : le visage de l’homme n’était plus qu’une bouillie sanglante. Son regard se posa sur le corps de sa fille, étendue à quelques mètres de là : une tâche de sang s’élargissait autour d’elle. Lorsqu’il voulut se relever pour s’approcher d’elle, la tête lui tourna et il se retrouva à genoux. La nausée le submergea, il vomit sur le pavé. Ses dernières forces l’abandonnèrent et il tomba évanoui.
Lorsqu’il reprit connaissance, il ne parvînt tout d’abord pas à ouvrir les yeux, tant la douleur qui lui vrillait le crâne était insupportable.
Une main fraîche se posa sur son front.
- Pas de précipitation…
Lentement, il ouvrit les yeux. La lumière de la pièce, pourtant faible, l’éblouit un moment, avant qu’il ne fasse le point sur le visage bienveillant penché au-dessus de lui. La personne à son chevet était une femme d’une soixantaine d’années.
- Doucement, reprit-elle. Vous êtes blessé.
Elle se pencha pour l’aider à se redresser, lui ajouta un oreiller dans le dos. Déboussolé, il se laissa faire. Il regarda autour de lui : il était dans une chambre, petite, aux murs nus.
- Elphège, c’est bien cela ? Je me suis permise de regarder sur vos papiers.
- Ou suis-je? balbutia-t-il. Qui êtes-vous?
- Je m’appelle Ernance. Vous êtes à l’hôpital de Vorinen. Vous avez été agressé…
Soudain, la mémoire lui revint. Sa femme. Sa fille. Mortes toutes les deux, et il n’avait rien pu faire. Un gémissement lui échappa.
- Je suis désolée, reprit doucement la femme. Sachez au moins que vos agresseurs ont tous les trois payés leur crime de leurs vies. Mais vous ne serez pas inquiété. Des témoins vous ont vu vous défendre… et ont apparemment vu l’un des hommes sauter de lui-même dans le fleuve et se noyer. Un comportement surprenant, mais… vous et moi savons ce qu’il en est en réalité.
Elphège fronça les sourcils.
- Je ne suis pas sûr de vous suivre.
- Allons, sourit la femme. Vous lui avez ordonné de sauter. Et vous l'avez empêché de nager.
- Je l’ai souhaité. Est-ce un crime si le hasard a fait coïncider mon envie et la réalité?
- La seule intervention du hasard ce soir-là a été de vous offrir ce don plutôt qu’un autre. Vous pouvez contrôler les esprits. C’est ce que vous avez fait hier.
Elphège la fixa, avant d’éclater d’un rire nerveux.
- Vous n’êtes pas sérieuse.
Il fit de son mieux pour se lever, vacilla. Il ne s’était jamais senti si faible…. Mais la rage qu’il ressentait lui donnait l’énergie nécessaire. Ses affaires, déchirées, tachées de sang, étaient posées sur une chaise près de la porte.
Alors qu’il remettait sa chemise, la femme s’approcha.
- Où pensez-vous aller ainsi ?
Il lui répondit sans se retourner.
- J’ai reconnu la marque dessinée sur les capes de mes agresseurs. Tout le monde la connait, par ici… La bande du Nargott.
- Et donc ? Vous comptez les traquer ?
Il se retourna vers elle. La colère et la douleur qui émanait de lui déformait ses traits.
- Que faire d’autre ? Ils m’ont arraché les deux seules personnes qui comptaient pour moi.
Il tourna les talons, prêt à quitter la pièce. Mais il s’immobilisa, incrédule. La porte de la chambre avait disparu. Face à lui, il n’y avait qu’un mur lisse.
Ernance le rejoignit, lui posa une main ferme sur l’épaule.
- Je ne peux pas vous laisser faire une chose pareille.
Il s’écarta, partagé entre la colère et la peur. Cette femme avait quelque chose d’étrange.
- Rasseyez-vous, dit-elle. J’ai beaucoup à vous apprendre.
Sans protester, il se laissa retomber assis sur le lit. A cet instant, la porte réapparut. Il se prit la tête entre les mains. Devenait-il fou ?
- En temps normal, j’aurais pris plus de temps et de manière pour vous exposer la raison de ma présence, dit Ernance d’une voix plus douce. Mais vu les circonstances, je conçois que vous ayez besoin de réponses rapides
Elle vint s’asseoir à ses côtés.
- Je suis à la tête d’une organisation secrète. Nos membres ont tous un point commun, que vous partagez désormais avec nous : un double éclat.
- C’est impossible, murmura-t-il.
- C’est rare. C’est ignoré du commun des mortels. Et le double éclat n’est révélé que dans des circonstances difficiles… Pour que les dieux vous l’accordent, il faut être prêt à sacrifier sa vie pour autrui. C’est visiblement ce que vous avez fait…
- J’ai échoué…
Une nouvelle vague de tristesse le submergea. Liane… Sept ans qu’il partageait sa vie. Sept années de bonheur sans faille, presque trop lisse, presque trop beau pour être vrai. Un bonheur balayé en une seconde. Et Kalys… Le fruit de leur amour.
- Ma fille n’avait que six ans…
Il ne put continuer. La douleur était trop forte. C’est à peine s’il sentit Ernance l’entourer de ses bras, le bercer doucement tandis qu’il s’abandonnait au désespoir.
Lorsqu’il se fut calmé, Ernance reprit ses explications. Il l’écouta attentivement, plus pour oublier sa peine que par réel intérêt.
- Les doubles éclats sont multiples, mais toujours puissants, bien plus que les éclats ordinaires. Si j’en crois ce qui m’a été rapporté de votre combat… Vous avez hérité de l’un des plus puissants. L’éclat de contrôle. Vous avez désormais la capacité d’imposer votre volonté à quiconque…. D’autres ont la capacité de lire dans les pensées. Ou de se rendre invisibles. Moi, je peux à ma guise modeler la réalité à l’aide d’illusions…
Il releva la tête. Suivant son regard vers la porte, elle sourit. La porte disparut à nouveau quelques secondes, avant de réapparaitre.
- Si les capacités sont impressionnantes, le cout en ombre l’est aussi… Elle vous gagne bien plus vite qu’en utilisant un éclat normal. Vous en avez fait la malheureuse expérience, comme la plupart des gens lorsqu’ils se découvrent ce pouvoir. Par chance, vous avez eu le temps de venir à bout de vos trois adversaires avant de vous évanouir…
-Comment avez-vous su ? demanda-t-il.
-Certains de nos membres ont la capacité de détecter les doubles éclats. L’un d’eux était avec moi, non loin de Vorinen. Dès qu’il a eu connaissance de votre double éclat, je suis venue vous rejoindre.
Il la regarda.
- Qu’attendez-vous de moi ? Je suppose que vous n’êtes pas venue ici juste pour me prévenir…
-Non, en effet. Il est d’usage que tous les possesseurs de double éclat rejoignent notre guilde. Notre base est dissimulée dans les montagnes… Nous vous y enseignerons comment utiliser correctement votre contrôle. Ensuite… Nous aurons le temps d’en reparler.
- Et si je refuse ?
Elle sourit.
- Je ne peux pas vous forcer à me suivre, vous avez raison.
Son ton se durcit.
- Préférez-vous arpenter les rues à la recherche des brigands du Nargott ? Probablement en vain, vous n’êtes pas le premier à vouloir les trouver…. Et sans vouloir vous offenser, vous auriez probablement du mal à tenir tête, seul, à toute une bande armée jusqu’aux dents. Vous vous ferez tuer… A supposer que vous finissiez par les trouver. Mais si vous venez avec nous…. Votre femme et votre fille ne seront pas mortes en vain. Les dieux vous ont accordé un grand pouvoir : ne le gâchez pas pour une vengeance impossible.
Elphège la fixa en silence. Elle garda les yeux rivés sur lui, inflexible.
- Ma femme, ma fille… reprit-il lentement. Où sont-elles maintenant ?
- Leurs corps ont été portés au temple du quartier sud, répondit Ernance.
Il hocha la tête.
- Je ne partirai pas avant de leur avoir donné une sépulture.
- Je comprends, acquiesça la vieille femme. Mais ensuite, nous devrons partir rapidement. Tant que vous ne maîtrisez pas votre pouvoir, vous êtes dangereux… Pour vous, comme pour les autres.
Elle lui tendit une cape neuve. Elphège jeta un regard à la sienne : déchiquetée, ensanglantée. Inutilisable. Il se pencha simplement pour en décrocher une épingle, fixée sur le col. Par chance, elle ne s’était pas égarée pendant le combat de la veille. Il la contempla un instant : elle représentait une tête de loup stylisée. Seule trace désormais de son mariage brisé…Aux souvenirs qu’elle évoquait pour lui, il sentit sa gorge se nouer. Il s’empressa de la piquer à sa nouvelle cape, se chaussa et suivit Ernance hors de la chambre.
- Mon départ de la sorte ne va-t-il pas poser problème ? demanda-t-il en regardant autour de lui.
Ernance sourit.
- Votre état, bien qu’incompréhensible pour les médecins, n’a rien d’alarmant. Et je me suis présentée à eux comme votre mère.
Lorsqu’ils franchirent les portes de l’hôpital, la vive lumière du jour éblouit Elphège. Il suivit Ernance, un peu hébété. Autour d’eux, les gens vaquaient à leurs activités, riaient: comment un tel malheur pouvait le frapper alors que pour les autres, la vie suivait son cours?
Ils ne tardèrent guère à atteindre le temple, situé à quelques rues seulement de l’hôpital. C’était un grand bâtiment de pierre, circulaire, sur lequel s’ouvraient de larges fenêtres. Un élégant jardin entourait le temple, lui donnant une atmosphère douce et apaisante.
A l’intérieur, Ernance prit les devants. Un prêtre les dirigea vers une alcôve. Là, deux corps reposaient, étendus sur un grand plan de pierre.
Ernance resta en arrière, par délicatesse. Elle observa le jeune homme s’avancer, tremblant, s’agenouiller devant les corps. Ses longs cheveux bruns lui dissimulaient son visage, mais aux tremblements qui agitaient ses épaules, elle le devinait sanglotant. La pitié l’envahit. Quel âge avait-il? Peut-être vingt-cinq… et il se retrouvait seul. Son regard évita le corps de l’enfant. Elle ne connaissait que trop bien la douleur de la perte d’un enfant…
Soudain, un bruit la fit se retourner. Un couple éploré, d’une soixantaine d’années, se dirigea vers Elphège et les deux mortes. L’homme s’effondra près du corps de la jeune femme, incapable de masquer sa peine. La femme, elle, fixa les deux victimes en silence. Aussi pale que les cadavres, les mains serrées sur sa poitrine, elle semblait à peine réaliser. Quand Elphège se tourna vers elle, elle se précipita sur lui, le serra dans ses bras et éclata à son tour en sanglots.
- Je suis désolé Kristie… tellement désolé… murmura t’il.
Elle n’eut pas le temps de répondre. Son époux la devança.
- Comment as-tu pu laisser faire ça? Cria-t-il.
Écartant sa femme, il envoya son poing dans la figure d’Elphège. Celui-ci grimaça de douleur, mais ne chercha pas à se débattre. Ernance s’avança, prête à intervenir, mais déjà l’homme se laissait tomber à genoux, accablé de douleur.
- Arrête, Luca, supplia la femme, je t’en prie…
Elphège s’éloigna d’eux, la main sur son nez blessé. Il recula jusqu’à s’adosser au mur.
- Laisses, Kristie. Je mérite pire que ça. Il a raison, j’aurais dû faire quelque chose… je n’ai pas réussi à les sauver…
Pressé par Kristie, il raconta l’effroyable soirée. Ernance s’éloigna, les laissant à leur peine. Elle alla s’asseoir sur un banc dans le jardin du temple.
Elphège la rejoignit une vingtaine de minutes plus tard. Il était blême.
- Son père ne veut pas de moi pour la cérémonie, demain. Ernance lui jeta un regard compatissant. La coutume Berenienne voulait que, s’ils étaient vivants, les parents président aux enterrements, leur autorité étant supérieure à toute autre, y compris celle des époux : Elphège pouvait difficilement s’opposer à la volonté de son beau-père.
- Il peut vous interdire de venir pour sa fille, dit-elle doucement. Pas pour la vôtre…
- Les deux enterrements seront communs, répondit-il d’un ton amer. Liane n’aurait pas voulu être séparée de Kalys dans la mort… Et puis… je ne vais pas provoquer un esclandre lors d’une telle occasion.
Il s’assit à côté d’Ernance, la tête entre les mains.
- De toute façon, il n’a pas vraiment tort. Je n’ai pas été à la hauteur… J’aurais dû les sauver.
Ernance n’essaya pas de le convaincre du contraire. A ce moment, s’eut été peine peine perdue.
Quelques minutes plus tard, les parents sortirent du temple, passèrent devant eux. A leur vue, le père se contenta de foudroyer Elphège du regard et poursuivit sa route. Mais la mère s’arrêta, indécise. Après une hésitation, Elphège fouilla son sac, en sorti une grosse clé, et s’approcha d’elle.
- Tiens… dit-il en lui tendant la clé. Vous en aurez besoin, pour prendre les affaires dont elles auront besoin dans l’autre monde…
Elle prit la clé, leva des yeux emplis de larmes vers lui.
- Je suis navrée pour Luca, murmura-t-elle. La douleur le rend injuste envers toi…
Ils restèrent silencieux quelques secondes. Son époux la héla depuis la rue. Elle prit les mains d’Elphège dans les siennes.
- Que vas-tu faire ? demanda-t-elle.
- Partir. A jamais.
Elle le fixa encore un moment, avant de le lâcher et de tourner les talons. Il resta debout à contempler la rue jusqu’à voir le couple disparaitre. Quand Ernance s’approcha, il se tourna vers elle.
- Je vous suis, dit-il. Plus rien ne me retient désormais.