Suivie par vos compagnons, vous bondissez sur le pont. Vous tombez nez à nez avec deux adeptes en guenilles, et un portant une riche tunique: le chef, à n'en pas douter. Voyant Phantom et Swaïli fondre sur lui, suivis de près par Alderick et Loucresa, vous estimez que la situation est sous contrôle et vous foncez à la cale, suivi par Artorius et Inalia.
Lorsque vous déboulez en bas, vous tombez nez à nez avec les adeptes restant. Leur nombre (une dizaine) ne vous fait pas peur: en revanche, ce qui vous glace le sang, c'est la vue d'Hélena, votre mentor, ligotée aux pieds d'un des adeptes. Son teint est pâle à faire peur, et elle tremble violemment.
- Vous arrivez à point, dit joyeusement l'adepte. Je vous explique la situation: cette personne, à qui je crois, vous tenez énormement, va mourir dans quelques minutes. A moins que je la soigne... mais je suis à priori le seul ici capable de préparer l'antidote.
En disant cela, il montre du doigt une paillasse, derrière lui, sur laquelle sont posés une grande quantité d'ingrédients pour potions. En effet, cela vous dépasse totalement.
- Si vous voulez la sauver, reprend-t-il en montrant Artorius, vous n'avez qu'une solution. Tuer l'homme qui vous accompagne. Faites le, et vite, si vous voulez que je sauve cette femme. Sinon, elle est condamnée...
- Pas si je me sacrifie pour la sauver! intervient alors Inalia en brandissant un poignard.
Avant que les adeptes ne puissent réagir, elle se poignarde en plein coeur, en murmurant une prière.
- Foncez! vous lance-t-elle dans un dernier souffle.
Vous l'écoutez et vous vous jetez sur les adeptes, usant de toute votre rapidité et de votre talent au combat. Lorsqu'il ne reste plus un seul survivant, vous vous précipitez vers Hélena. Elle semble très faible, mais sa respiration est régulière. Vous la prenez dans vos bras pour la sortir de la cale.
Alors que vous remontez sur le pont, une sensation étrange vous envahie ; vous vous sentez tout à coup tellement puissante... et vous réalisez que le rituel parfait a été accompli à votre avantage. Vous n'osez le vérifier maintenant, mais vous en êtes convaincue: grâce au sacrifice d'Inalia, vous disposez maintenant de tous les éclats.
En remontant sur le pont, vous voyez les cadavres d'autres adeptes ; Loucresa, Swaïli sur son épaule, discute avec Artorius. Tous les deux ont l'air sombre. Ils vous expliquent que Alderick a été poignardé et jeté à l'eau, et que Phantom a plongé à sa suite. Tous les deux ont disparu.
Ravagée par la douleur, vous quittez le navire et regagnez la côte. Vous vous rendez chez Sofye, pour lui apprendre la disparition d'Alderick. Là, vous avez la surprise d'apprendre qu'Alderick n'est pas mort: il est passé chez elle, quelques minutes seulement avant vous. Il a laissé une lettre:
Mes compagnons, mes amis,
C’est le cœur lourd que je vous écris ces quelques mots qui trouveront, j'espère, le chemin des vôtres. Si vous lisez cette lettre, c’est qu’à cette heure Phantom et moi avons quitté la chaleur de votre compagnie. Nous avons emmené la meute de chiens de guerre avec nous. Je n’aime pas les appeler ainsi, chacun est unique et a sa personnalité propre, ils sont bien plus qu’une masse d’individus, chacun est spécial. Ils sont plus qu’un groupe, comme nous l’avons été, mes amis. Je veillerai à ce que chacun d’eux prenne soin de ses compagnons, comme nous l’avons fait les uns pour les autres.
Depuis ce jour où un dieu dont je ne connais pas le nom est intervenu pour sauver la vie de Phantom, j’ai promis, vous le savez, de porter secours à chaque animal en souffrance que je croiserais sur ma route. J’ai fait mon possible depuis pour remplir mon rôle parmi vous et vous épauler dans cette quête, mais chaque jour les cris des animaux se font plus forts à mon cœur ; mes oreilles bourdonnent jour et nuit du hurlement des loups dans la forêt, de ces vies que la violence de l’homme prend parfois sans raison, de cette nature sauvage prise au piège que notre modernité supposée a tendu, sans s’en apercevoir.
Tout est devenu évident sur le bateau qui nous a mené à Bersalen, ces chiens enfermés dans des caisses, vendus, utilisés, envoyés à un destin de soldat qui les mènerait à une mort sanglante. Je sens la peur qui les étreint, et je ne peux me résoudre à les abandonner. Pour eux, pour tous les autres, j’ai choisi de me soustraire au monde des humains pour gagner des contrées plus sauvages où je pourrai mettre la meute en sécurité, et vivre une vie simple.
Merci pour la confiance que vous m’avez accordée au cours de nos nombreuses aventures partagées, j’ai fait mon possible pour en être digne, moi qui n’étais, avant d’entrer dans la Guilde qu’un jeune homme sans but dans l’immensité de l’Erfen. Vous me manquerez, vous manquerez à Phantom aussi ; il fera un superbe alpha pour notre petite troupe, il a de telles capacités ! Si les animaux avaient un éclat, il ferait un usage incroyable du sien, c’est certain.
Adieu mes amis, prenez soin de vous, et prenez soin les uns des autres.
Alderick et Phantom.
Vous êtes soulagée de n'avoir personne à pleurer aujourd'hui. Vous restez quelques heures chez Sofye, le temps pour Hélena de reprendre quelques forces, puis vous repartez pour la Guilde, accompagnée d'Hélena, Artorius, Loucresa et Swaïli. Un destin extraordinaire s'offre maintenant à vous.